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Les Bonheurs de Camille (et pas que).
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3 novembre 2014

Le désir, une énigme

« Le désir, de sa nature, est souffrance ; la satisfaction engendre bien vite la satiété ; le but était illusoire ; la possession lui enlève son attrait ; le désir renaît sous une forme nouvelle, et avec lui le besoin ; sinon, c'est le dégoût, le vide, l'ennui, ennemis plus rudes encore que le besoin. » Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme représentation..

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Le verrou peint par Jean-Honoré Fragonard

Le désir assouvi nous conduit-il vers un manque de bonheur ?

"Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus, le désir est long, et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée. Mais ce contentement suprême n’est lui-même qu’apparent ; le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C’est comme l’aumône qu’on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain. – Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l’impulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu’il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n’y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c’est en réalité tout un ; l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré."
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, § 38

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Les rosesd'heliogabale, Sir Lawrence Alma

La philosophie bouddhiste, que Schopenhauer connaissait et appréciait, affirme également que le désir est source d’attachement, donc de souffrance. Aussi l’objectif est-il le même dans les deux cas : il faut se libérer du désir. Il faut cesser de désirer. Ce but ne sera pas atteint par le suicide, qui est au contraire une manifestation vigoureuse du désir, mais par la pratique du renoncement, du détachement : par exemple à travers la méditation, c’est-à-dire la cessation de la pensée.

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Le Philosophe en méditation par Rembrandt

Le Pessimisme... Je veux croire que l'Amour n'est pas seulement une utopie.

Le désir comme conséquence existentielle : Schopenhauer a élaboré une philosophie de l’amour à partir de cette idée. Toutes les affinités amoureuses s’expliqueraient par la nécessité de la survie de l’espèce : les petits aiment les grandes, etc., afin de produire des individus équilibrés. Schopenhauer évoque même une « illusion voluptueuse » : ce n’est pas avec les femmes qui lui semblent les plus belles que l’homme aura le maximum de plaisir sexuel ; la femme qui l’attire le plus ne lui donnera pas un plaisir maximal mais la descendance la plus viable : nos attirances (donc nos désirs) ne sont pas au service de notre bonheur individuel mais au service des « intérêts supérieurs » de l’espèce. L’individu amoureux est donc la « dupe de l’espèce ».

Les scientifiques confirment aujourd’hui ce genre d’idées, en montrant que nos critères de beauté correspondent aux signes de santé : les êtres qui nous semblent les plus beaux sont ceux dont le patrimoine génétique (combiné au nôtre) produira la descendance la plus viable.

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Alors positivons, ne nous arrêtons pas à l'aspect animal des choses :

Le désir faisant partie de l'essence de l'Homme, vouloir le détruire est absurde car c'est vouloir détruire la Vie comme l'a justement remarqué Nietzsche. A quoi en effet ressemblerait un être sans désir ? L'idéal ascétique, s'il n'est pas à réduire à sa simple dimension mortifère, dévalue le corps et est incapable de créer le bonheur. Rousseau écrivait « malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède » (La Nouvelle Héloïse). Le désir n'est donc pas à réduire à la simple quête de la chose désirée, c'est la Vie qui s'affirme par elle-même et qui cherche à s'accroître.

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Sources :

http://coursphilosophie.free.fr/cours/desir.php

http://philosophie.philisto.fr/

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